de Fabrice Murgia.
Création le 24 janvier 2012.
Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles
Le printemps arabe nous a montré comment une jeunesse a pu mener une révolution moderne, grâce aux armes fatales que ces Etats aient pu livrer au peuple : Facebook et Twitter. Ces événements récents nous prouvent à quel point ces rapports ne sont pas des éléments «virtuels», mais bel et bien consistants et physiques au point de faire basculer les plus hautes instances du pouvoir
J’ai d’autre part été choqué par ces policiers qui obéissaient, parfois jusqu’à la mort, aux ordres de leurs supérieurs jusqu’à la chute d’une statue, ou encore par ces armées toutes entières qui du jour au lendemain changeaient de camp, et donc de combat. Qui de ces armées schizophréniques ou de ces bloggers utopistes vivait dans le réel ?
Je constate avoir suivi ces événements depuis ma forteresse Europe, au travers de ces mêmes outils – Facebook et Twitter.
On pourrait donc considérer que les armes des uns sont les outils des autres : les révolutions sont différentes, changent de forme, se copient maladroitement, se transforment, composent avec les inventions de leur époque. En soi, chacune d’entre elles s’appuie sur une réalité insupportable pour en inventer une autre.
Mais quand la réalité est effacée, comment se révolte-t-on ? Quand la fonction ou l’uniforme prend le pas sur l’injustice, comment se révolte-ton ? Quand le confort prospère et que la pauvreté est invisible mais bel et bien existante, comment une jeunesse se révolte-t-elle ?
Comment une jeunesse en manque de révolution se révolte-t-elle ?
Les grandes puissances économiques ne se contentent pas de nous couper du Monde, elles nous créent une réalité parallèle, transforment nos imaginaires, inventent de nouvelles maladies : le sentiment d’impuissance dû à l’impossibilité de cibler un agresseur, en est une, et non des moins schizophréniques.
Mener une révolution, c’est renoncer à un certains nombres de privilèges, et accepter d’être considéré comme un fou, plus que comme un héros.
EXILS est un carrefour de destins : la rencontre de trois jeunes européens et d’un migrant clandestin. Cette rencontre remet en question l’existence-même de ces jeunes pour qui toute forme d’engagement -pour autant qu’elle se veuille réaliste – est synonyme de «dégagement social», et donc marginale.
Fabrice Murgia, 6 juin 2011
Ecriture et mise en scène : Fabrice Murgia | Assistanat à la mise en scène : Catherine hance | Interprétation : Olivia Carrère, Jeanne Dandoy, François Sauveur, El Hadji Abdou Rahmane Ndiaye | Création sonore : Yannick Franck | Composition musicale quatuor : Laurent Plumhans | Créateur Lumière : Xavier Lauwers | Scénographie : Vincent Lemaire | Création vidéo : Jean-François Ravagnan | Régie générale : Romain Gueudré | Régie vidéo : Giacinto Caponio | Régie lumière : Didier Covassin | Régie son : Simon Pirson | Régie plateau : Michel Fisset, Jean-François Opdebeek | Coproduction : Théâtre National/Bruxelles, Odéon-Théâtre de l’Europe/Paris, Teatro Stabile di Napoli, Teatrul National Radu Stanca/Sibiu